Johann Gregor Mendel naît le 22 juillet 1822 à Heisendorf, petit village de Moravie, dans une famille de paysans encore sous le joug féodal. Doué pour les études, le jeune garçon est très vite remarqué par le curé du village qui décide de l’envoyer poursuivre ses études loin de chez lui. Mendel est obligé de travailler pour subvenir à ses besoins, le soutien de sa famille ne suffisant pas. En 1840, il rejoint l’Institut de Philosophie d’Olomouc afin d’y suivre deux années préparatoires à l’entrée à l’Université. Dans une situation économique précaire, Mendel trouve appui auprès de sa jeune sœur qui va jusqu’à renoncer à une partie de sa dot pour financer les études de son frère. A la fin de ces deux années, Mendel est découragé ; devoir lutter pour continuer ses études l’épuise physiquement et moralement. L’un de ses professeurs lui propose alors d’user de ses relations auprès de l’abbé Napp afin de le faire accepter au monastère de Brno. Mendel accepte l’offre et c’est ainsi qu’à vingt et un an, il choisit "une place dans la société qui lui épargne les rudesses de la lutte pour la vie". En septembre 1843, Mendel est reçu au noviciat du monastère de Brno ; il sera ordonné prêtre en 1848et devient le frère Grego Mendel.
 
Dès son arrivée au monastère, Mendel sent tout ce qu’ un milieu culturel particulièrement stimulant peut apporter à ses aspirations. Il consacre tout son temps libre à l’étude des sciences naturelles. Parallèlement, il assure des enseignements scientifiques dans les collèges et lycées des environs, tâche qu’il apprécie beaucoup. Mais en 1849 paraît un nouveau décret obligeant tous les enseignants à prendre leur grade à l’Université. Mendel se rend à Vienne pour passer les examens : c’est l’échec. Loin de se laisser abattre, Mendel montre toujours plus de soif de connaissance ; sentant les capacités du moine, l’abbé Napp intervient en sa faveur afin d’obtenir une place d’étudiant à l’Université de Vienne. Mendel part donc en 1851 pour suivre les cours de l’Institut de Physique de Johann Christian Doppler ; il y étudie, en plus des matières obligatoires, la botanique, la physiologie végétale, l’entomologie, la paléontologie, etc, et suit même un enseignement de physique expérimentale auprès de Doppler lui-même. Durant deux années, il acquiert toutes les bases méthodologiques qui lui permettront de réaliser plus tard ses expériences. Au cours de son séjour à Vienne, Mendel est amené à s’intéresser aux théories de Franz Unger, professeur de physiologie végétale. Celui-ci préconise l’étude expérimentale du mode d’apparition des caractères des végétaux sur plusieurs générations successives afin de résoudre le problème de l’hybridation chez les végétaux. De retour au monastère, Mendel installe un jardin expérimental dans la cour et met sur pied le plan d’expériences visant à expliquer les lois de l’origine et de la formation des hybrides.

 

 

 

Les chercheurs qui ont précédé dans l’étude des mécanismes de l’hérédité n’avaient abouti à rien parce qu’ils travaillaient sur des plantes présentant un grand nombre de caractères différents ; ils étaient ainsi incapables de dégager une logique dans la transmission héréditaire. Mendel, lui, innove par la grande rigueur de sa démarche scientifique. Il choisit de travailler sur des pois comestibles présentant sept caractères dont chacun peut se retrouver sous deux formes différentes (on parle de caractères "discrets" ( présence ou non de rayures par exemple ) par opposition à des caractères "continus" (taille par exemple)), aisément identifiables : forme et couleur de la graine, couleur de l’enveloppe, forme et couleur de la gousse, position des fleurs et longueur de la tige. La première expérience qu’il décrira dans son article consiste à étudier les résultats d’hybridation obtenus pour l’une des paires de caractères seulement.

Mendel, après dix années de travaux minutieux, a ainsi posé les bases théoriques de la génétique et de l’hérédité moderne. En 1868 cependant, Mendel est élu supérieur de son couvent. Obligé de consacrer beaucoup de son temps aux devoirs de sa charges, il abandonne ses recherches très poussées sur l’hybridation des végétaux en 1873. Il s’investit alors dans d’autres domaines plus compatibles avec ses obligations, notamment l’horticulture et l’apiculture. Il se passionne également pour la météorologie qui sera au final le domaine qu’il aura le plus longtemps étudié, de 1856 jusqu’à sa mort en 1884. Il est difficile de comprendre pourquoi les travaux révolutionnaire de Mendel passèrent inaperçus au moment de leur publication, mais on peut penser qu’il a manqué d’arguments de poids, comme la connaissance du support de l’hérédité - les chromosomes -, pour s’imposer face à la théorie de l’hérédité par mélange.

 

D'après V.Orel et J.R.Armogathe,
Mendel, un inconnu célèbre, Belin, 1985

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